NUMÉRO 12 – DÉCEMBRE 2019
FABIEN DIONNET ET THOMAS PELLOUX
OPÉRATEURS DE MAINTENANCE WAGONS
TECHNICENTRE DE MAINTENANCE DE VILLENEUVE-SAINT-GEORGES”
« Raccrocher les wagons pour que ça redémarre ! »
Avant de se retrouver dans votre chariot de course, il y a fort à parier que votre pack d’eau soit arrivé dans les rayons de votre supermarché par train. Et si par malchance le wagon qui le transportait est tombé en panne, alors il a sûrement croisé la route de Fabien Dionnet, Thomas Pelloux ou d’un de leurs collègues. Opérateurs de maintenance wagons en région parisienne, ils veillent au bon fonctionnement des trains de marchandises.
Crédit photo SNCF
Ils sont les sauveurs des wagons en détresse. L’histoire d’amour de Fabien Dionnet avec la SNCF commence en 2000 – jour de Saint Valentin – au technicentre de Villeneuve-Saint-Georges. Il se destinait à l’origine à l’équipe levage, mais intègre finalement l’équipe dépannage wagon à la demande du chef d’équipe de l’époque. Une option qui le satisfait, puisqu’elle lui permet de travailler en extérieur. Quant à Thomas, il a rejoint l’équipe dépannage en 2008 après avoir travaillé pendant deux ans au service logistique du technicentre.
Exercer au sein de l’équipe MOBIWAG, qui est en charge des dépannages des wagons, est très différent du travail en atelier réalisé sur place au technicentre. Et si auparavant le rôle des dépanneurs était essentiellement de réaliser les premières opérations pour permettre au wagon de rouler jusqu’à l’atelier, aujourd’hui il faut réparer autant que possible sur place, sans avoir à envoyer le wagon à l’atelier.
Concrètement lorsqu’un wagon tombe en panne, l’équipe de Fabien reçoit une demande de la part du client propriétaire du wagon. A eux de se rendre ensuite sur place, en camionnette MOBIWAG, afin de procéder à une expertise et d’établir un devis. Si le propriétaire du wagon accepte les réparations, les agents procèdent alors au dépannage dans les plus brefs délais en fonction du planning et des approvisionnements en pièces.
Lors d’un dépannage, les interventions se font en équipe réduite de 2 à 5 personnes. Il est nécessaire de savoir faire preuve de polyvalence, pour pouvoir intervenir sur toutes les parties du wagon. Cependant, au fil des années en fonction de leurs compétences et de leurs formations, dispensées régulièrement en interne, les agents se sont spécialisés : Fabien dans la réparation des essieux et Thomas dans les travaux de soudure. Les tâches de soudure en extérieur sont particulièrement complexes à réaliser puisqu’ « il est impossible de souder en-dessous de 5° ou s’il y a du vent, il faut alors trouver des fenêtres entre deux bourrasques » explique Thomas.
Parmi les opérations les plus lourdes et nécessitant le plus de moyens humains, figurent le remplacement des essieux. « Il faut soulever le wagon grâce à des vérins hydrauliques alimentés par un groupe thermique » détaille Fabien. Une fois le bogie sorti, il est récupéré par une grue montée sur un camion et les nouveaux essieux sont installés. Dans ce type d’opérations, Fabien occupe en quelque sorte le rôle de chef d’orchestre.
Un métier qui conduit Thomas et Fabien à parcourir en moyenne 500km/semaine et à travailler dehors par tous les temps : grand froid ou canicule, pluie ou vent. C’est aussi physiquement assez éprouvant puisque sur place, ils ne disposent pas d’autant d’outils de levage qu’à l’atelier, notamment pour les tâches de manutention. Malgré cela, ils ne se verraient absolument pas retourner en atelier, la variété des interventions n’a rien d’un « train-train quotidien » et cette diversité est une source de motivation constante pour eux.
Pour la petite histoire, l’activité wagon date de 1993 à Villeneuve-Saint-Georges, le technicentre de maintenance où opèrent Fabien et Thomas. Elle a connu plusieurs ré-organisations, dont le rattachement le 1er juillet 2019 au TECHNINAT, un nouvel établissement regroupant administrativement toutes les équipes wagons existantes en France. Ce nouveau centre situé à Saint-Denis, pilote les différentes entités qui restent réparties sur le territoire. L’objectif de cet établissement est de renforcer l’avantage concurrentiel de SNCF par rapport à ses concurrents.
En effet, si le transport des marchandises par le rail plutôt que par la route est une solution jugée plus écologique et plus sûre, l’activité fret a cependant diminué au fil des ans. Pourtant, il est possible de transporter sur rail toutes sortes de marchandises, allant des fruits et légumes pour alimenter les entrepôts de Rungis, aux bouteilles d’eau en passant par les voitures. Très fiable, le transport ferroviaire est également plébiscité pour le déplacement de matière nucléaire. Mais le transport par rail tel qu’il est organisé, ne convient pas à toutes les entreprises, qui doivent produire de gros volumes pour que ce mode de transport soit économiquement viable. De fait, à Villeneuve-Saint-Georges, en trente ans le nombre d’agents est passé de 50 à 11, 500 points de dessertes ont fermé et le périmètre d’intervention des équipes s’est élargi. Par ailleurs, la concurrence a peu à peu grignoté des parts de marché tant sur le transport que sur la maintenance des wagons. Assurer un service de qualité et de proximité tout en garantissant la sécurité afin de répondre aux besoins des clients, voilà les objectifs que réaffirme le TECHNINAT et que mettent en œuvre Fabien, Thomas et leurs collègues.
Le parcours de FABIEN DIONNET en 4 dates
1996
Diplômé d’un Bac pro en « productique mécanique sur machine outils »
1997
Embauché chez FACOM
2000
Embauché à la SNCF à l’équipe dépannage
2025
Travailler à l’Infra en tant que chef de chantier
UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON
« L’union fait la force »
Le parcours de THOMAS PELLOUX en 4 dates
2003
Diplômé d’un BEP micro-technique
2004
Embauché chez PSA
2006
Embauché à la SNCF à la logistique puis au dépannage
2025
Envisager une formation pour travailler comme soudeur
3 questions à FABIEN DIONNET ET THOMAS PELLOUX
Qu’est-ce que le digital a changé dans votre métier ?
À l’heure actuelle il y a encore beaucoup de papier, mais c’est en train de changer. A l’avenir, les informations concernant le wagon (mesures, mode opératoire …) pourront être renseignées directement sur le lieu de l’intervention à l’aide d’une tablette. Pour cela, il faut établir des connexions avec des clés 4G et s’assurer que cela fonctionne partout.
Votre métier a-t-il connu des innovations ?
Le métier de dépanneur n’a pas beaucoup changé techniquement, le travail est toujours le même mais de nouveaux outils le facilitent. Notamment les outils électroportatifs qui remplacent les outillages filaires. C’est beaucoup plus facile de travailler ainsi.
Qu’est-ce qui vous rend fier dans votre travail ?
C’est un métier qui est parfois difficile du fait des conditions climatiques, alors il y a un sentiment de fierté lorsque l’on arrive à mener à bien une opération complexe. Par exemple lorsqu’il faut changer des ressorts de wagon par -15° sous la neige.