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Juin 2019

Andréa et Stanislas NDOUR CHAUVEAU / DEPANNEUR(EUSE) ELECTRIQUE

By Juin 2019
NUMÉRO 09 – OCTOBRE 2019

ANDREA ET STANISLAS NDOUR CHAUVEAU

DEPANNEUR(EUSE) ELECTRIQUE

TECHNICENTRE DE MAINTENANCE DE PARIS NORD

Interview

ANDREA ET STANISLAS NDOUR CHAUVEAU

« Coup de foudre au dépannage électrique »

Selon une enquête IFOP, 14 % des couples se sont rencontrés au travail. Logique, on y passe la moitié de son temps ! Quand Stanislas Ndour rejoint le Technicentre de maintenance de Paris Nord, il ne se doute pas qu’en plus d’y trouver un travail, il va y rencontrer sa future épouse, Andréa Chauveau, seule femme dépanneuse. Presque un beau roman, en tout cas une belle histoire !

Crédit photo SNCF

« J’ai manqué l’heure du train d’amour, baby. Le train d’acier et de velours » chantait Gilbert Bécaud. Stanislas, lui, a « pris le train » à l’heure, le 26 décembre 2005, jour de son anniversaire, lorsqu’il a pris ses fonctions au Technicentre de Paris Nord. Mais il ne savait pas qu’il prendrait aussi le « train d’amour » avec Andréa et son petit Mathéo.
Lorsqu’il rejoint l’équipe dépannage, Andréa est chargée de l’accompagner pour prendre ses marques. Très qualifiée, patiente et bonne pédagogue, c’est tout naturellement que son responsable lui demande régulièrement de former les nouveaux arrivants. Elle sait bien que débuter dans une nouvelle équipe, ce n’est jamais évident et pour cause : il lui a fallu se faire une place. Elle, une des rares filles du Technicentre travaillant sur le terrain ! C’est peut-être ce qui les rapproche d’ailleurs. Tous deux ont dû se battre un peu plus que les autres pour gagner leur place. Stanislas a parfois dû balayer des remarques blessantes, voire racistes à son arrivée, notamment sur sa couleur de peau. Quant à Andréa, elle se souvient avec amertume de ce collègue qui, trois mois après son arrivée, refusa de lui serrer la main – devant tout le monde – jugeant qu’une femme n’avait rien à faire au dépannage. Difficile également d’accepter l’idée qu’elle soit la moins gradée de son équipe alors même qu’elle est la plus ancienne embauchée de l’équipe.

Crédit photo SNCF

Mais leur travail au technicentre leur plaît. Ils solutionnent les problèmes électriques, tels que les climatisations. Lorsqu’un train présente une panne, il faut établir un diagnostic, repérer la pièce défectueuse, la réparer ou la retirer. À eux d’enquêter pour trouver la solution afin que le train reparte le plus rapidement possible. Ici, peu de maintenance prédictive. Si les codes défauts des engins peuvent les aider à identifier la panne, une solide expérience des différents modèles de trains et des pannes possibles est indispensable. Ensuite, vient le travail physique, il faut retirer et changer les pièces : ainsi, il faut compter trois heures environ pour changer une climatisation.
Un travail physique qui se fait de jour comme de nuit en équipe, une équipe dont Stanislas n’hésite à pas à dire qu’elle est comme une seconde famille. Le couple, passionné, donne beaucoup à leur travail. Ils ont organisé leurs horaires en alternance – l’un de jour, l’autre de nuit – depuis leur mariage en 2017 et la naissance de leur petite fille Kassandre.

Le parcours de ANDREA CHAUVEAU en 4 dates

2002

Apprentie à la SNCF durant deux ans, au Technicentre de maintenance d’Ourcq puis du Landy

2004

Diplômée du BAC pro MSMA (Maintenance des systèmes mécaniques automatisés), option ferroviaire

2004

Intègre l’équipe de dépannage Z2N au Technicentre de maintenance de Paris Nord

2025

Devenir assistante maternelle ou travailler dans les hôpitaux auprès des enfants

UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON

« Une femme forte même blessée, même les yeux emplis de larmes garde le sourire. »

Le parcours de STANISLAS NDOUR en 4 dates

2004

Diplômé du Bac pro MSMA (Maintenance des Systèmes Mécaniques Automatisés)

2005

Embauché au Technicentre de Paris Nord à l’installation outillage

2006

Intègre l’équipe de dépannage Z2N au Technicentre de maintenance de Paris Nord

2025

Continuer dans le dépannage et passer une VAE ?

UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON

« Je ne compte aucune défaite,
que des leçons de vie,
sans elles je serais inculte. »
Rohff

3 questions à ANDREA CHAUVEAU ET STANISLAS NDOUR

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Jean-François ROSTALSKI / EXPERT MICRO-MÉCANIQUE

By Juin 2019
NUMÉRO 04 – JUIN 2019

JEAN-FRANÇOIS ROSTALSKI

EXPERT MICRO-MÉCANIQUE

TECHNICENTRE INDUSTRIEL D'OULLINS

Il y a 20 ans, Jean-François Rostalski réparait les tracteurs dans le bocage bourbonnais. Mais comme les meilleurs vins, ses qualités de mécanicien se sont affinées… au sens propre : il s’occupe désormais des minuscules engrenages des boîtes noires au Technicentre industriel d’Oullins, dans la banlieue lyonnaise. Des mastodontes du monde agricole, il est passé aux minuties de la micro-mécanique. Un univers qui répond bien à son exigence de perfection.

Crédit photo SNCF

Quand il était petit, Jean-François ne rêvait pas de trains. Ses jouets, ses rêves, c’était les tracteurs. Dès son enfance il se passionne pour la mécanique, « j’ai grandi sur les engins agricoles et j’adorais les tracteurs »  raconte-t-il. Il garde d’ailleurs un souvenir ému des locomobiles agricoles qu’il voyait dans les animations des fêtes de village : ces machines à vapeur, montées sur roues faisaient tourner les batteuses au début du XXème siècle. Ancêtres des tracteurs, elles sont aussi à l’origine des premières locomotives à vapeur, qui ne sont finalement rien d’autre que des locomobiles montées sur rails ! L’appel du train est bientôt en vue…
Une fois son CAP en maintenance des engins agricoles obtenu, Jean-François travaille pendant treize ans à l’entretien et à la réparation de tracteurs. Mais à ses trente ans, ce métier devient physiquement bien trop difficile pour son corps meurtri. En effet, alors qu’il est âgé d’une dizaine d’années, Jean-François contracte un cancer de l’os qui le laisse amputé d’une jambe. Si par défi, il s’est battu pour exercer le métier qui lui plaisait, il se retrouve contraint de se tourner vers un métier sollicitant moins sa jambe. A l’été 2001, suite à une discussion avec un ami cheminot, il rejoint SNCF en tant qu’agent logistique. Il quitte alors l’Allier et le monde agricole pour le Technicentre d’Oullins, en banlieue lyonnaise.

Il prend peu à peu ses marques, mais rapidement son emploi ne le satisfait guère, trop éloigné de la mécanique qu’il affectionne tant : « la mécanique c’est quelque chose de concret, c’est de la logique, du bon sens, contrairement à l’électronique qui est dépendante de conditions extérieures climatiques par exemple ». 
Alors il se forme à la micro-mécanique et un an plus tard s’attelle à une nouvelle tâche : la réparation des boîtes noires des trains. De la taille d’une boîte à chaussures, ces appareils enregistrent et retranscrivent sur une bande graphique toutes les informations recueillies lors des parcours (durée, vitesse, signaux de voies, incidents …). Après chaque trajet, la bande est archivée et pourra être étudiée en cas de contrôle aléatoire ou d’incidents. Un appareil précieux donc, qui se doit d’être parfaitement réglé pour fournir une information exacte.
Dans son atelier, Jean-François et ses quatre collègues assurent l’entretien et la réparation de ces appareils, constitués de dizaines de minuscules engrenages et d’une carte électronique. Il faut en effet compter une journée et demie par boîte noire pour une révision parfaite. Et si ses collègues lui reprochent parfois d’être trop « pinailloux », pour Jean-François chaque détail compte :

« c’est un travail qui demande beaucoup de rigueur et de minutie ».

C’est aussi « un métier qui se rapproche beaucoup de l’horlogerie » explique-t-il. Après presque vingt ans à ce poste Jean-François a d’ailleurs développé un véritable intérêt pour cette activité et il est capable de réparer à peu près tous les modèles, de la montre à gousset à l’horloge comtoise !
Si son métier lui plait, il sait aussi qu’il est à terme voué à disparaître, puisque les appareils actuels, sont progressivement remplacés par des appareils électroniques dotés de cartes à puces. Ces avancées technologiques sont inéluctables mais l’inquiètent parfois, « il ne faudrait pas que la technologie ronge le savoir-faire de l’humain»  rappelle-t-il. C’est là tout l’enjeu du nouveau technicentre industriel de Vénissieux qui succédera d’ici la fin de l’année à celui d’Oullins: favoriser la collaboration entre l’homme et le robot dans les tâches les plus pénibles et introduire la technologie au service de l’humain.

Le parcours de Jean-François Rostalski en 4 dates

1987

Diplômé d’un CAP en réparation de machines agricoles et automobiles

2001

Recruté au Technicentre industriel d’Oullins en tant qu’agent logistique.

2002

Formation en tachymétrie

2025

Poursuivre dans la micro-mécanique

3 questions à Jean-François Rostalski

UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON

« Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail. »
Léonard De Vinci

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Sinem KAHRAMAN / SOUDURE

By Juin 2019
NUMÉRO 03 – JUIN 2019

SINEM KAHRAMAN

SOUDURE

TECHNICENTRE INDUSTRIEL DE BISCHHEIM

C’est une histoire d’amour, de passion et d’intégration, comme la SNCF peut en compter ces 80 dernières années. L’histoire d’une jeune femme arrivée en France par hasard et qui désormais fait la fierté du Technicentre de Bischheim, en Alsace. Une histoire de conquête féministe également : Sinem Kahraman est l’une des rares soudeuses à travailler dans un technicentre.

Crédit photo SNCF

Il était une fois une jeune femme turque, âgée de 18 ans, qui part à la conquête du monde. Tout commence en 2001, lorsque Sinem Kahraman, revenue d’un séjour à Londres, rencontre son mari à Strasbourg, à l’occasion de vacances. Le couple s’installe en Alsace et Sinem travaille dans le restaurant et l’épicerie de sa belle-famille. En parallèle, elle suit une formation de caissière et travaille son français.
Un jour, à l’occasion d’une discussion, un ami soudeur l’encourage à découvrir ce métier. « Je n’avais jamais vu quelqu’un souder, je n’avais aucune idée de ce qu’était ce métier » se souvient Sinem. Avec le soutien de son mari, elle entame une formation de six mois, qu’elle valide avec succès et obtient trois qualifications. Elle reste encore aujourd’hui la seule femme de son centre de formation à avoir validé autant de certificats professionnels. Mais le chemin de l’emploi est néanmoins semé d’embûches pour les personnes issues de l’immigration, encore plus lorsque l’on est une femme dans un « métier d’hommes ». Après une dizaine de refus, elle toque à la porte du Technicentre industriel de Bischheim, qui lui ouvre non sans mal : lorsqu’elle arrive pour son entretien, le recruteur tourne les talons en découvrant que c’est une femme. Heureusement, il revient très vite et embauche Sinem.

Pour elle, c’est une plongée dans un autre monde : l’usine, les cadences, le ferroviaire. Dans un technicentre comme Bischheim, on démonte entièrement les trains après 15 à 20 ans de service pour tout vérifier et changer les pièces si besoin. Mais ce monde lui plaît et elle gravit rapidement les échelons. Au bout de 5 ans à souder l’acier, elle passe à l’aluminium des TGV Duplex. Sous ses doigts, les défauts disparaissent.

« Je n’aime pas lâcher, quand j’ai quelque chose en tête je veux le faire et pas à moitié » 

Une mentalité indispensable pour s’imposer comme seule femme dans un milieu d’homme où elle doit souvent faire deux fois plus pour prouver ses compétences. Si certaines voix se sont parfois élevées pour suggérer qu’elle n’y arriverait pas, la détermination de Sinem les a vite fait taire.
Mais homme ou femme, le corps a ses limites et le travail physique de Sinem a abîmé son dos et ses cervicales : impossible pour elle désormais de continuer à souder. Le sujet est sensible et les larmes difficiles à contenir quand elle évoque avec sincérité combien « l’idée [qu’elle ne soudera plus] est dur à avaler ».
Elle a donc achevé au printemps 2018 une formation de quatre mois, à la pratique du contrôle END par ressuage, validée par un examen qu’elle a réussi du premier coup. C’est à elle qu’incombe à présent la tâche de s’assurer de la qualité du travail et de la parfaite sécurité des pièces. Mais aussi de l’accompagnement d’une nouvelle génération de soudeurs… et de soudeuses !

1 END : l’END ou contrôle non destructif est un ensemble de méthodes qui permettent de caractériser l’état d’intégrité de structures ou de matériaux, sans les dégrader, soit au cours de la production, soit en cours d’utilisation, soit dans le cadre de maintenances.
2 Ressuage : le ressuage est une méthode permettant de détecter les défauts des soudures à l’aide d’un liquide coloré ou fluorescent.

Le parcours de Sinem Kahraman en 4 dates

1996

Baccalauréat en Turquie et poursuit à l’université des études d’économie

2001

Travaille dans la restauration à son arrivée en France

2007

Soudeuse au Technicentre industriel de Bischheim (diplômée de 3 qualifications en soudure)

2019

Opératrice END ressuage Niveau 1

2025

Experte en END

3 questions à Sinem Kahraman

UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON

« Une volonté de feu, c’est ce qui m’anime. »

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