Eric Jourdan : le diplomate des fournisseurs
Les missions délicates dans le monde industriel, Eric Jourdan en a fait son quotidien : après une décennie passée dans le secteur du nucléaire (branche retraitement) en qualité d’automaticien, il participe à la mise en service de machines d’envergure dans le cadre de productions de ligne sur le site de la Hague (Manche) puis Melox dans le Sud de la France. Envie de changement et d’évolution, Eric se tourne vers le management dans l’industrie grande série. D’abord sur le secteur de l’électroménager en tant que Responsable d’unité puis chez un équipementier très connu dans l’automobile. A la faveur d’une opportunité de découverte et d’un rapprochement familial, Eric Jourdan entre à la SNCF, au Technicentre industriel Nevers Languedoc en 2010, où il découvre la base du Matériel : le contact roue-rail, en qualité de DPX Essieux.
De Nevers à la région parisienne, il n’y a qu’un train, et… plusieurs postes en Technicentre de maintenance à la clé. La découverte du Matériel se poursuit : coordinateur qualité au sein du Pôle QSE du Technicentre de Maintenance de Paris-Saint-Lazare, RAC (responsable amélioration continue) au Technicentre de Maintenance de Trappes-Montrouge, puis chef de projet établissement sur le CBM pour les Régio2N (condition-based maintenance (maintenance conditionnelle, en français)) et Banc de mesure ESSIEUX, qui lui ouvre les portes des projets collaboratifs, notamment avec l’Ingénierie du Matériel.
Cette coopération, ce partage d’expérience, de savoir-faire sont la clé de voûte de son poste de Supplier performance manager (soit manager de la performance des fournisseurs) au CLI (Centre de Logistique intégrée), dans l’équipe Performance des fournisseurs externes, depuis octobre 2023. Sa mission : suivre efficacement les fournisseurs externes défaillants, particulièrement ceux ayant un taux de service très bas depuis plus de six mois. Cet indicateur et ce suivi au plus près est crucial pour anticiper au mieux les difficultés que rencontrent nos fournisseurs et éviter de mettre à l’arrêt notre production, en décalant les livraisons de pièces pour maintenir les trains.
Son rôle de vigie est stratégique.
En déclenchant un audit opérationnel chez un fournisseur déficient, Eric analyse le cycle des étapes entre la réception de la commande et l’expédition de la pièce ciblée. Plusieurs paramètres sont ainsi passés en revue et au crible : interface client, planification, achats, gestion de l’atelier, flux physiques… « J’effectue mes visites avec bienveillance ! Je n’ai pas que la mission de débusquer d’éventuelles difficultés, je montre aussi que le Matériel est présent physiquement sur le terrain, que nous sommes à l’écoute de nos fournisseurs afin de créer plus de liens avec eux. Mais si nous sommes à l’écoute, nous avons également des exigences et cette présence chez eux permet de dialoguer et suivre nos pièces dans leur process. Une relation de partenariat ou chacun a besoin de l’autre. Cette démarche est très bien perçue car c’est du donnant-donnant. Le fournisseur peut profiter de l’occasion pour nous faire des remontées et renforcer la collaboration entre nos deux entités. »
« Je suis là pour prendre en compte les problématiques tout en mettant de l’huile dans les rouages ! »
La crise Covid a d’ailleurs chamboulé les habitudes de travail des fournisseurs : « De nouveaux cas de figure sont apparus : rachats d’entreprises, carnets de commandes qui explosent et qui sont difficiles à canaliser, difficultés à s’approvisionner en matières premières, affermissement de la gestion de fournisseurs historiques qui se sentent un peu trop en terrain conquis, réponses à certaines urgences des TI… Je suis là aussi pour prendre en compte ces problématiques, les aider et les soulager … tout en mettant de l’huile dans les rouages ! »
Eric n’est pas le seul interlocuteur des fournisseurs : « Je suis au service des RFE – responsables fournisseurs externes – qui gèrent le carnet de commandes. Je peux être leur relais en local et ils peuvent même m’accompagner à l’occasion de mes audits. Il est important qu’il y ait de la cohésion au sein de nos équipes et que nous partagions le même angle de vue face au fournisseur. Il existe un partage fort avec les achats, les achats stratégiques, la qualité et les services ingénierie afin de montrer au fournisseur notre cohérence. Mais je ne veux pas paraître comme l’interlocuteur principal auprès du fournisseur externe, je veux que les RFE restent en pole position dans le suivi des actions. Moi, j’agis quand un couac apparaît, pour gérer la crise, monter le plan d’actions et pour faciliter la résolution des problèmes. »
Dijon, Clermont-Ferrand, Belfort, Orléans, Chartres, Brive, Nevers, Albi… « Je suis sur la route une fois par semaine, mais ça fait partie du deal de cette mission ! Il faut être mobile, être présent et aller au contact des fournisseurs, et montrer qu’on est là, sur la durée : comme on dit « Loin des yeux, loin du cœur ! », afin que nous soyons servis en temps et en heure, et toujours en qualité ! »
Votre lieu ressourçant ?
J’adore conduire, c’est vraiment un plaisir. Le trajet domicile-travail, c’est le moment où je me vide la tête, en faisant quelque chose que j’aime.
Vos sources d’inspiration ?
Lorsque je travaillais dans le nucléaire, je me souviens avoir rencontré Jean-Louis Ricaud, à l’époque le n°2 de COGEMA. Un homme intelligent, très perspicace, aux côtés de qui on apprend beaucoup et qui reste profondément humain. Les formations suivies m’inspirent, notamment celle liée au management avec Elco-Brandt (groupe d’électroménager) où nous étions notés par nos équipes, ce qui est très enrichissant. En manageant, on apprend des équipes mais elles nous apprennent aussi beaucoup en retour !
Un projet perso pour plus tard ?
Je pense que le prochain projet sur lequel j’embarquerai sera celui de la retraite ! Pour le moment, je suis embarqué sur la construction du futur de mes enfants.
Un secret à nous révéler ?
Je suis un faux-calme… avec un interrupteur ON/OFF !
Quel disque emporteriez-vous sur une île déserte ?
Ce serait » La vie par procuration » de Jean-Jacques Goldman.
Votre dernière lecture marquante ?
Je ne suis pas un très grand lecteur de roman, mais je reste marqué par « Jules Matrat» de Charles Exbrayat. J’aime beaucoup les livres sur la politique et les BDs traitant de la première Guerre Mondiale.
Votre coup de cœur du moment ?
Il va à Lando Norris, un pilote de F1 qui a remporté sa première victoire au Grand Prix de Miami début mai, avec MacLaren ! C’est un jeune qui a beaucoup de talent et c’était une victoire bien méritée !
Votre coup de colère du moment ?
Un peu de politique… les incohérences décisionnelles de nos dirigeants politiques.
Votre coup de chapeau du moment ?
Je dirais 2 coups de chapeau !
Tout d’abord à l’équipe du CLI et tout le travail qu’elle fournit au quotidien. Dans notre entité, nous avons des métiers qu’on ne connaît pas forcément, ou très peu. Je les découvre et j’apprécie de pouvoir les vivre en coulisses, de voir ce qu’il se passe lorsque l’on commande des pièces. Le CLI se réinvente au quotidien, dans sa relation avec les différentes entités et les fournisseurs, les agents se donnent au maximum. Pour eux, c’est une véritable bataille au quotidien !
Un coup de chapeau également aux équipes projet OPTER, que j’ai pu côtoyer à Saint-Pierre-des-Corps. Ils font un travail remarquable et sont d’une grande compétence, avec cette envie de rendre leur travail le plus parfait possible.