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Mai 2020

Nicolas BOUCHON / Ingénieur d’essai en hygiène industrielle Agence d’Essai Ferroviaire

NUMÉRO 18 – MAI 2020

NICOLAS BOUCHON

INGÉNIEUR D’ESSAI EN HYGIÈNE INDUSTRIELLE

AGENCE D'ESSAI FERROVIAIRE

« Le traqueur de polluants en tout genre »

« Vous avez demandé Nicolas ? Ne quittez pas. Les Technicentres Industriels et de Maintenance font appel aux experts du service en hygiène industrielle de l’AEF (Agence d’Essai Ferroviaire) dès lors qu’il y a suspicion de pollution sur leur lieu de travail. C’est la mission principale de Nicolas : traqueur de polluants en tout genre (amiante, solvant, poussière métallique, fibre de verre, gaz…) Bien équipé et « armé » pour mesurer, il sillonne l’hexagone, veille sur la santé des agents dans les ateliers, ou en pleine voie.»

S’il existe un domaine pour lequel on ne badine pas avec sa réglementation, c’est bien celui de la pollution. Nicolas BOUCHON a choisi ce métier et il le tient à la perfection. En qualité d’ingénieur d’essai en hygiène industrielle, il est intransigeant sur les mesures à prendre dès lors qu’une pollution est détectée. Parcourant le pays pour veiller à ce que les seuils réglementaires ne soient pas dépassés, Nicolas tient également un rôle de conseiller sur les bonnes pratiques à tenir pour éviter tout type d’exposition au risque chimique sur le lieu de travail. On a beau prendre toutes les précautions nécessaires (EPI, bonnes habitudes) nous sommes parfois confrontés à une pollution inopinée, et il est souvent impossible de savoir si elle est nocive ou pas pour la santé.
C’est alors que Nicolas et son équipe interviennent pour définir l’état d’urgence sanitaire. Equipé et outillé, il mesure la concentration des produits chimiques dans l’air de l’atelier par exemple, sur un poste en chaudronnerie, ou en menuiserie, lieu où la poussière est volatile et dense. Selon un code très précis, 3 types de valeurs sont mesurables : les « valeurs réglementaires contraignantes » qui entraînent un arrêt absolu de l’activité si les seuils sont dépassés ; dans ce cas, une analyse poussée est faite et des conseils sont mis en œuvre pour rétablir une situation normale et tolérable au sens du code du travail. On peut également mesurer des « valeurs réglementaires indicatives » qui entraînent un processus d’actions à mener pour faire baisser le niveau de pollution sans arrêt / interruption de la production. Enfin, une troisième valeur dite « valeur indicative », elle mesure un danger mais non inscrit dans la réglementation, mettant en alerte les agents sur une pollution qui reste tolérable.

Avant de se déplacer sur le terrain avec sa mallette d’expert « en mode NCIS », Nicolas, porteur de sa casquette de manager technique, dispache les prélèvements à effectuer à ses collègues. Il est le référent pour définir les stratégies de mesure et répartir les tâches. C’est un métier nécessitant de nombreux déplacements et, c’est ce qui plaît à Nicolas, « c’est un métier complexe, large, passionnant. Il faut être curieux et ne rien laisser au hasard parce que les règles sont strictes » explique-t-il. Ce sont l’aspect sécurité et la bienveillance, la sensation d’être utile qui a attiré Nicolas vers ce métier. Outre les manipulations de prélèvement, il a en amont un travail de recherche documentaire à réaliser. Il rédige des stratégies de prélèvement (basées sur le document unique, les fiches de données de sécurité des produits utilisés), validées par un collectif comme le CSE par exemple. Cette étape authentifie et permet ainsi l’intervention de l’équipe hygiène industrielle sur site. Chaque produit chimique a sa méthode de prélèvement spécifique; et nécessite une accréditation par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC).

Les EPI sont adaptés en fonction de la dangerosité du polluant. Nicolas fait également en sorte de se « fondre dans le décor » lorsqu’il est missionné par un technicentre. S’il a une mesure de valeur à faire sur un poste qui tourne en 2/8 ou en 3/8, alors il s’adapte aux horaires de l’agent. Il se met dans les conditions « idéales » pour que la mesure prise soit la plus juste possible et ne soit pas faussée par une quelconque modification du mode opératoire.

Crédit photo : SNCF

Quant au rendu de résultats ? Ils varient d’une semaine à un mois et parfois plus selon qu’ils soient envoyés ou non dans un laboratoire sous-traitant accrédité et selon les caractéristiques des analyses. Très peu de prélèvements donnent leurs résultats « en live ».

Nicolas vit aux rythmes des autres mais c’est essentiel à la véracité du résultat de ses essais. Nicolas côtoie toutes sortes de métiers chez SNCF, c’est ce qui rend son métier riche et plaisant. Et lorsqu’il touche à des prélèvements plus périlleux comme l’amiante, le palpitant en prend un coup ! Ici, raison de plus pour ne pas négliger les EPI, et les directives sont très strictes : combinaison et masque sont impératifs.

Si sa mission principale est d’effectuer des mesures et de préconiser des moyens de prévention en respectant des décrets sur les risques chimiques, Nicolas endosse parfois son autre casquette qui est celle de la radioprotection. Il intervient entre autres, pour le Matériel notamment sur des appareils à fluorescence X, servant à rechercher la présence de particules métalliques dans les huiles moteur TGV. Nicolas s’assure que ces appareils sont conformes aux prescriptions réglementaires et qu’ils ne présentent aucun risque de radiation pour le personnel. Nicolas fait également des vérifications sur des machines telles que les scanners à bagages, afin de s’assurer que l’émission des rayons X est maitrisée et ne représente un danger ni pour les agents qui les manipulent, ni pour le grand public car ces engins sont présents en gare lors des embarquements pour Eurostar par exemple.
Voilà un métier atypique, mais tellement utile pour préserver la santé des agents.

Le parcours de Nicolas BOUCHON en 5 dates

2005

Obtention d’une licence en métrologie de la qualité de l’air

2006

Entrée à la SNCF en tant que technicien préleveur en hygiène industrielle

2012

Responsable de contrats annuels auprès de plusieurs technicentres

2019

Ingénieur d’essai en Hygiène Industrielle

2025

Deux options possibles : viser un poste de préventeur national ou trouver un nouveau challenge et découvrir un autre domaine de compétence au sein de SNCF.

3 questions à Nicolas BOUCHON

UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON

« « Il est urgent d’attendre… » son mentor François Leroux, fondateur du service Hygiène Industrielle à l’AEF

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