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Février 2020

Philippe de LAHARPE / Chef de projet Télédiagnostic à l’Ingénierie du Matériel CAMPRA

NUMÉRO 15 – FÉVRIER 2020

PHILIPPE DE LAHARPE

CHEF DE PROJET TÉLÉDIAGNOSTIC

INGÉNIERIE DU MATÉRIEL CAMPRA

« L’homme qui écoute les trains »

« Ok SNCF, quel est le niveau d’huile ? Et les toilettes, ils sont bien alimentés en eau ? » C’est à ce genre d’analyses que s’attelle Philippe de Laharpe, chef de projet télédiagnostic : il imagine les usages possibles des objets connectés pour améliorer la sécurité, la maintenance et le confort dans les trains. Petite plongée dans un monde d’algorithmes et de technologies « Made in SNCF ».

Philippe de Laharpe est chef de projet télédiagnostic. Un de ces « nouveaux » métiers, qui n’existait pas il y a encore 15 ans. Sa mission : anticiper les pannes, les diagnostiquer à distance et préparer les stratégies de maintenance de demain. C’est ce qu’on appelle la maintenance prédictive.

Diplômé de Polytechnique et de Paris Tech, il a parcouru plusieurs Technicentres de maintenance, mais aussi, pendant dix ans, les couloirs de l’Agence d’Essai Ferroviaire, où il était chargé de superviser la R&D (Recherche et Développement). Depuis cinq ans maintenant, il est chef de projet télédiagnostic, à la Direction du Matériel. Ses outils de travail ? Les objets connectés, dont il étudie la pertinence « en fonction de leur âge, les trains sont plus ou moins communicants, et ces solutions sont surtout intéressantes financièrement et techniquement pour les trains les plus anciens ». Philippe rend donc les trains plus connectés afin d’anticiper les pannes et les réparations, et ainsi faciliter la vie des agents de maintenance, ainsi que la sécurité et le confort des voyageurs.

Niveau d’eau dans les toilettes, niveau d’huile dans le transformateur, mais aussi température de certaines pièces ou état des batteries… Les objets connectés peuvent servir à contrôler de nombreux organes du train, à distance. Cela permet de savoir rapidement si le train peut être utilisé et dans de bonnes conditions. Sauf que… ces objets connectés n’existaient pas dans le monde du ferroviaire. Après un benchmark infructueux, Philippe et son équipe ont donc développé en interne un objet connecté spécifique.

Baptisé « Marti », celui-ci a été créé en collaboration avec le pôle ingénierie du Technicentre industriel d’Hellemmes. Répondant à toutes les normes en vigueur, c’est un véritable couteau suisse : il peut être adapté sur n’importe quel train. Il possède déjà les fonctions d’accéléromètre, de GPS, Bluetooth et il est possible d’y brancher, par exemple, un capteur de température. Un appareil complémentaire a également été créé : la « Meli », il permet d’agréger et d’envoyer en 3G/4G les données recueillies.

Fruit du travail d’une quinzaine de collaborateurs et pour un coût relativement modeste – compter 150€ pièce – « Marti-Meli » forme un nœud de communication complet qui peut collecter et transmettre la donnée en temps réel. Par la suite, ces données sont traitées et analysées afin d’enclencher le travail de maintenance sur le terrain.

Crédit photo SNCF

Après l’expérimentation en 2016, il a fallu penser l’industrialisation et la mise en production. Aujourd’hui, une centaine de rames TGV sont équipées de capteurs connectés, permettant la vérification du niveau d’eau, mais également 360 voitures Corail pour surveiller le fonctionnement des portes. En cas de défaillance, le contrôleur reçoit automatiquement un SMS d’avertissement, ce qui permet de traiter plus rapidement et plus précisément le problème. D’ici à la fin d’année, près de 1100 voitures devraient être équipées.

Les perspectives sont infinies : bientôt les batteries des véhicules, les pantographes ou encore le bon fonctionnement des toilettes pourront être contrôlés de cette façon. Avec à la clé, un gain de temps pour les équipes de maintenance et un meilleur confort pour les voyageurs. Ces objets connectés ouvrent un pan entier de recherches et d’innovations, car s’il existe beaucoup d’applications de tracking dans le monde industriel ou logistique – notamment pour suivre les marchandises acheminées par conteneurs – , les objets connectés plus complexes ne sont pas si courants. Dans le monde ferroviaire, jusqu’à l’invention de « Marti-Meli », il n’existait pas en effet, d‘offres de composants ferroviaires certifiés, SNCF est donc leader avec cet instrument, qui fait déjà l’objet d’accords de commercialisation dans l’année.

Le parcours de Philippe de LAHARPE en 5 dates

1996

Diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’ENSTA (ParisTech)

1997

Travaille dans plusieurs Technicentres de maintenance

2001

Responsable de l’activité soutien technique et logistique pour l’AEF

2014

Chef de projet télédiagnostic pour Matériel

2025

Continuer à apporter mes compétences dans des projets à forte composante technique, pour aider les exploitants dans leur travail

3 questions à Philippe de LAHARPE

UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON

« J’aime explorer de nouvelles opportunités, les transformer en projets, puis les réaliser.»

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