NUMÉRO 22 – OCTOBRE 2020
SÉVERINE SANT
TOURNEUSE FRAISEUSE
TECHNICENTRE INDUSTRIEL DE NEVERS-LANGUEDOC – SITE DE NIMES”
« Le parcours d’une battante »
Rien ne prédestinait Séverine à devenir tourneuse fraiseuse, c’est pourtant le métier qu’elle avait choisi, et ce depuis ses années lycées, il fallait donc qu’elle prenne cette voie, coûte que coûte ! Mais avant de pouvoir s’adonner à sa passion, Séverine a traversé des épreuves difficiles où personne ne croyait en elle. Puis un jour, le déclic : elle a pris son courage à deux mains et s’est élancée dans cette folle aventure et ne regrette absolument rien.
Crédit photo – SNCF
Séverine est une femme qui a du cran. Et elle l’a démontré. Depuis le banc du lycée, où elle a eu l’occasion de visiter une usine œuvrant sur ces machines de tourneur fraiseur, elle a eu comme une révélation. Voilà ce qu’elle voulait faire et rien d’autre ! Le bac STI (Sciences et Technologie de l’Industrie) en poche, elle cherche à percer dans ce métier. Malheureusement, les aléas de la vie ont fait qu’elle n’a pas pu se tourner immédiatement vers ce secteur d’activité. Alors Sévérine a travaillé durant 17 ans dans le commerce, réalisant des métiers qui ne lui convenaient absolument pas, se levant chaque matin sans réel but. Puis, un jour Séverine a dit stop. Malgré les railleries, Séverine a retroussé ses manches et repris ses études. Pleine de confiance en elle et surtout déterminée cette fois-ci à percer dans le métier de tourneur fraiseur, elle cherche activement un lycée pour adulte, y passe une année de formation et repart avec le « Titre professionnel de tourneur fraiseur sur commandes numériques et machines conventionnelles». Voilà qui « en jette » ! Durant cette période, Séverine a effectué deux stages en entreprise dont un chez SNCF, au technicentre de Béziers. Elle a alors la chance d’y rencontrer les bonnes personnes au bon moment : son formateur croit en elle et en ses capacités. Séverine a enfin prouvé qu’elle était faite pour ce domaine et rien ni personne n’allait désormais l’empêcher d’y arriver. C’est avec le soutien incontestable de son tuteur de stage, Olivier LACQUIT et des responsables du technicentre, qu’elle fait sa place petit à petit et devient un maillon essentiel de la chaîne de production du site. Séverine est embauchée d’abord en CDD, puis en CDI sur le site de Nîmes.
C’était un pari fou et osé, et Séverine a franchi un sacré pas. Voilà une femme combative et qui ne s’est pas laissée impressionner par ce monde plutôt masculin. Elle travaille avec passion, détermination et surtout avec plaisir. Désormais, elle se lève chaque matin en se disant « je suis utile dans mon métier ». Aujourd’hui, Séverine occupe un poste d’usineur : elle fait l’alésage de la partie interne des roues d’après des côtes très précises pour que l’axe puisse entrer à l’intérieur. Concrètement, à partir d’un dessin technique et d’une matière brute, elle donne à la pièce un profil soit cylindrique ; soit le métier de tourneur, soit « cubique » appelées prismes ; c’est le métier de fraiseur. Elle est polyvalente et capable de travailler sur ces trois postes de l’atelier : axes, roues et disques de freins qui nécessitent aussi bien de savoir manipuler des machines conventionnelles que des machines à commandes numériques. Cette diversité lui plaît, et est la clé de sa plus-value. Ponctuellement, elle est formatrice sur les machines traditionnelles, pour lesquelles les compétences disparaissent peu à peu. La manipulation de ces deux types de machines ne l’effraie pas.
À ce titre, Séverine se souvient avec émotion d’une anecdote qui l’a marquée : une machine était en panne malgré sa grande utilité. Une trentaine d’essieux « attendaient » d’être réparés. Séverine s’attache à la réparer durant une semaine. Après des heures d’étude de documents, de décryptage de notices, elle parvient à définir un programme, a réalisé des tests qui s’avèrent concluants! Une prouesse technique qui a débloqué la situation et a fait l’objet de l’innovation du mois. « Je fais enfin ce que j’ai toujours voulu faire et ce que j’aime. Quand quelqu’un croit en toi, tout est possible ! ».
Seule femme de l’atelier devant les machines, elle a fait sa place et s’y sent bien. C’est d’ailleurs ce qu’elle a envie de démontrer aux lycéennes lors des journées portes ouvertes qui ont lieu chaque année au technicentre et à l’occasion des « Girl’s Day ». Elle est convaincue que ce genre de poste n’est pas exclusivement masculin. Séverine vit de sa passion et en parle avec fierté et émotions car le chemin n’a pas été sans embûche. Rétrospectivement, elle est fière d’avoir eu le courage de franchir ce cap. Cette reconversion professionnelle est également une belle leçon de vie pour ses enfants, la preuve que tout est possible avec de la volonté.
Le parcours de Séverine SANT en 5 dates
2014
Début de ma démarche de reconversion professionnelle
2015
Épreuves de sélection et intégration d’une formation d’usineur pendant 9 mois
2016
Stage suivi de plusieurs missions d’intérim au technicentre de Béziers
2017
Embauche au technicentre de Nîmes en tant que Tourneuse-Fraiseuse
2025
Créer et diriger une cellule de programmation afin d’intervenir sur tous les technicentres SNCF de France
3 questions à Séverine SANT
Qu'est-ce que le digital a changé dans votre métier ?
Le digital a changé 2 points importants de mon point de vue : numériser les machines-outils, ce qui a permis d'améliorer la qualité du produit fini, une production plus importante, plus stable et de créer un nouveau métier.
Le 2ème point est de permettre à des agents d’accéder à des postes d’usinage sans pour autant être usineur de métier. L'agent suit un mode opératoire, la machine possède les programmes nécessaires selon les pièces demandées et l’agent contrôle le produit fini qui doit être conforme aux documents.
Qu'est-ce qui vous rend fière dans votre métier ?
Mon métier me rend fière car il me permet d'accomplir une tâche qui va être utile pour autrui. Créer, donner une « vie », une fonction à une pièce est très gratifiant pour moi.
Le métier peut paraître solitaire (seul devant sa machine) mais nous faisons partie d'une équipe où toutes les taches sont complémentaires. Fière d'être un maillon de cette grande chaîne.
Quel est le plus beau souvenir dans votre mission actuelle ?
Mon intégration au sein de l'atelier de Nîmes. Être une femme dans ce secteur d'activité n'est pas toujours évident. Je suis arrivée dans une équipe formidable, qui m'a accueillie, soutenue, écoutée, donné confiance en moi et fait évoluer comme tout autre agent masculin. Le second souvenir est le jour où j'ai réussi la mission de « créer des programmes d’usinage » afin d'assurer une production pour certains types d’essieux. Mon DPX a eu confiance en moi pour atteindre ce but, la plus belle récompense pour moi.
UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON