Avec son franc-parler légendaire et un large sourire, Yannick Dupuis impose tout de suite son style : direct, passionné, entier. Surnommé « Crocodile Dundee » par ses collègues, ce personnage haut en couleur, truculent, aime aller droit au but, que ce soit dans les ateliers… ou dans son jardin.
+ Le métal dans la peau
« La chaudronnerie, je suis tombé dedans un peu par hasard« , confie-t-il. « Je voulais être dessinateur industriel, mais la filière chaudronnerie m’a semblé plus accessible. Et j’ai accroché tout de suite. »
BTS en poche, il enchaîne avec un CAP, puis passe son CAP Traceur en candidat libre, « juste pour le challenge », précise-t-il.
En 1990, Yannick rejoint la SNCF via le Technicentre Industriel de Picardie. Il commence comme chef d’équipe en confection chaudronnerie, avant de suivre une formation d’un an pour devenir expert soudeur. « J’ai obtenu le diplôme d’IWT (International Welding Technologist) et j’ai été le premier certifié en soudage selon la norme 15085. Une belle fierté ! »
De 1996 à 2012, il tient ce poste d’expert soudeur, avec une spécialisation marquée dans le wagon de fret. « J’étais référent pour tous les wagons fret en France. À l’époque, cela représentait 150 000 wagons ! J’ai travaillé avec la commission nationale pour établir les modes opératoires de réparation. On couvrait tous les cas de figure. » Une période intense, exigeante, mais à son image.

+ De la technique au pilotage
Yannick ne s’arrête pas là : il enfile successivement les casquettes de chef du bureau d’ordonnancement (BOT), responsable manœuvre, référent qualité… « Je gérais une quarantaine de personnes et j’étais mobilisé sur tous les audits. Un sacré portefeuille, comme on dit ! »
Après deux décennies au TI Picardie, il rejoint la Direction du Matériel, où il pilote la validation des centres réparateurs pour les PRM (Pièces de Rechange Matériel) dans les 10 TI. « Je suis de près l’affectation des PRM, les transferts de charge, et le suivi des 36 000 symboles. C’est un gros morceau, mais ça me stimule ! »
+ Un autre art du vivant : le bonsaï
En dehors du métal et des wagons, avec l’énergie qu’on lui connaît, Yannick cultive une passion tout en finesse : le bonsaï. Président d’un club dans l’Aisne, il encadre aujourd’hui 25 à 30 adhérents avec la même énergie qu’au boulot.
« Un ami m’a initié. J’ai adoré. J’ai été membre pendant 20 ans avant de reprendre la présidence. Aujourd’hui, je donne des cours. Il a fallu que je me replonge dans mes livres pour dispenser les cours de taille ! C’est important de maîtriser les bons termes, l’outillage et de connaître les essences pour adapter mes conseils. Nous organisons des expositions avec d’autres clubs et des stages où chacun travaille sur un arbre similaire. J’aime bien réunir des gens de différents horizons, qui ne se seraient pas côtoyés sans ce type d’évènements. J’adore transmettre Mais gare à ceux qui ne m’écoutent pas pendant les cours, je peux aussi me montrer redoutable ! »
Aujourd’hui sa collection se monte à 100 bonsaïs et « pré-bonsaïs « Ils ont remplacé mon jardin ! J’aime les voir évoluer, et j’aime surtout les partager : donner des conseils, offrir mes arbres… c’est un vrai plaisir. »
Votre lieu ressourçant ?
Mon jardin, sans hésiter. C’est là que je me pose vraiment.
Vos sources d’inspiration ?
Je suis curieux comme une pie. Tout m’intéresse, surtout les gens. Et j’ai hérité du franc-parler de mon père.
Un secret sur vous à nous révéler ?
Je suis un livre ouvert. Vous savez déjà tout de moi !
Un projet perso pour plus tard ?
Assister un jour au Congrès international du bonsaï. Et découvrir le Japon, un pays qui me fascine.
Quel disque emporteriez-vous sur une île déserte ?
Une clé USB remplie à ras bord avec les tubes des années 80 : Jimmy Cliff, Earth, Wind & Fire…
Votre dernière lecture marquante ?
Pas un roman, mais tout ce qui touche au bonsaï. Je me forme en continu pour mes cours.
Votre coup de colère du moment ?
J’en ai régulièrement, mais je les extériorise ! Faut que ça sorte, sinon c’est l’ulcère assuré.
Votre coup de chapeau du moment ?
Au chef d’établissement adjoint qui m’a recruté. Il a osé malgré mon caractère. Certains ont peut-être regretté… mais pas moi : grâce à lui, j’ai construit une belle carrière !