La crise essieux survenue en 2010 a été résolue collectivement, grâce à l’engagement des équipes des TM de Paris- Nord et de Villeneuve. Le portrait présenté ici ne minimise en rien cette mobilisation.
« Roue qui tourne ne rouille pas » dit un proverbe grec. Ce pourrait être le mantra d’Arnaud Gurhem. Avec son catogan plaqué en arrière et ses tatouages, le technicien détonne. A force de travail et d’acharnement, l’ancien mécanicien est devenu expert essieu au sein de la direction du Matériel. Son défi quotidien ? Adapter les règles de maintenance et l’organisation du travail à l’innovation, pour ne pas rater le train du progrès et faire en sorte que la roue tourne en faveur de SNCF.
Crédit photo SNCF
20 petites secondes.
C’est le temps qu’il faut aujourd’hui pour contrôler les centaines de roues d’un TGV et les essieux qui les relient. Une prouesse technique, en passe d’être industrialisée, et sur laquelle Arnaud travaille depuis 2015. En partant de bancs de maintenance utilisés aux Etats-Unis pour le fret, il a réalisé des bancs adaptés à la grande vitesse, avec un système de détection par laser et caméras. Ainsi, le TGV circule à 30 km/h sur le banc et tous les essieux sont auscultés en 20 secondes. Auparavant, il fallait arrêter le train plusieurs heures pour prendre les mesures manuellement.
« Il y a une technologie qui fait qu’il faut toujours aller plus vite, on s’adapte pour garder notre travail », explique Arnaud.
Ses gains de productivité sont, pour lui, la condition sine qua non du maintien de la performance de SNCF et plus largement de l’avenir des cheminots.
Cette conviction, il la tient des « crises » qu’il a eu à gérer depuis son arrivée à SNCF en 1997. La roue du progrès a parfois quelques bosses et accrocs en avançant…
En 2010, il doit faire face à une très grave crise essieux sur la ligne D. A l’époque, on craint même de devoir mettre à l’arrêt les 155 trains de la ligne. Arnaud, alors rapporteur mécanique à Paris Est, est appelé par le directeur Transilien et résout l’incident. Idem plus récemment, en juillet 2017, lorsqu’un problème impacte des Transilien à la gare St Lazare. Dans l’atelier de maintenance, les trains entrent en flux continu avec les mêmes défauts aux roues, alors que la plupart étaient en bon état deux mois auparavant. En cause : une modification de parcours qui a entraîné plus de freinages et d’accélérations qu’à l’ordinaire. Pour répondre à l’urgence, Arnaud conçoit en une semaine un nouveau plan de maintenance.
« L’innovation est allée plus vite que l’organisation, il faut donc changer le système de management assez vite pour suivre les évolutions » estime-t-il.
Or, la roue de l’innovation ne s’arrête jamais de tourner.
L’équipe projet à laquelle il appartient travaille déjà sur un banc de maintenance permettant de contrôler l’intégralité d’un train (caisses, pantographes, organes de frein, etc). En 2015, il a également remporté le Prix de l’Innovation, grâce à son application « Dojo » – clin d’oeil à sa passion pour les arts martiaux – qui répertorie les différents défauts des essieux et facilite le travail de maintenance.
Le parcours d’Arnaud Gurhem en 5 dates
1997
Agent au tour en fosse de Paris Nord
2000
Diplômé d’un DUT en génie industriel / maintenance
2005
Rapporteur mécanique à Paris-Est
2011
Expert essieux à la direction du Matériel
2025
Diffuser les nouvelles technologies dans tous les établissements Matériel
3 questions à Arnaud Gurhem
En quoi la technologie bouleverse nos façons de travailler ?
La technologie nous oblige à avancer, à aller toujours plus vite.
Quelle est pour vous l’innovation majeure du XIXème siècle ?
L’informatique et internet, ce sont les éléments déclencheurs de l’accélération. Cela a conduit à une nécessité d’adaptation de la part de l’entreprise pour ne pas se laisser dépasser.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
D’être cheminot depuis plus de 20 ans. Mes collègues sont devenus des amis. Si je devais quitter la SNCF, je ne me verrais plus travailler dans le domaine ferroviaire. J’y ai trouvé un esprit de famille unique que je regrette de voir disparaître.
UNE CARACTERISTIQUE, UN MOT, UN DICTON